`Les joueurs de skat` d'Otto Dix1°) Auteur...

mercredi 18 mai 2016

`Les joueurs de skat` d'Otto Dix

1°) Auteur

Otto dix est un peintre expressioniste allemande né à Guera en 1891. Au début de la Première Guerre mondiale, il s'engage avec enthousiasme dans l'armée allemande . Il devient mitrailleur et combat en France notamment durant la Bataille de la Somme. Il obtient la croix de fer mais est traumatisé par les horreurs de la guerre au point d'en faire des cauchemars. A la fin de la guerre, il quitte Guera pour Dresde où il commence à adopter l'expressionisme. Il décide de peindre les horreurs de la guerre, notamment les gueules cassées. Quand les nazis arrivent au pouvoir, ils brûlent certaines de ces oeuvres et en présentent d'autres à leur exposition : `Art dégénéré`. En 1944, Otto dix est engagé de force dans l'armée et en revient vivant. Il décède en 1969 d'un infractus.
Quelques oeuvres : `Les joueurs de skat`, `la Guerre`, `la Tranchée`.

2°) Mouvement expressioniste

L'expressionisme prend naissance à la fin du XIX siècle en Europe du Nord et s'affirme au cours du premier quart du XX siècle, particulièrement en Allemagne. Ce mouvement artistique est caractérisé par la violence des couleurs et la déformation des sujets.

3°) Présentation

L'oeuvre se nomme `Les joueurs de skat`, le skat étant un jeu de carte allemand. Elle a été réalisée en 1920 par Otto Dix. Son support est une toile. Otto Dix a utilisé de la peinture et a fait des collages. Ses dimensions sont : 117 x 97 cm. Elle est actuellement conservée à la galerie nationale de Berlin.

4°) Contexte historique

1920, 2 ans après la fin de la Première Guerre mondiale. Les soldats sont revenus du front et nombre d'entre eux sont des gueules cassées. Plusieurs traités de paix ont été élaborés pour maintenir la paix en Europe, et l'Allemagne, déclarée comme responsable de la guerre, en subit les conséquences. Otto Dix ressent désormais de nouvelles tentions entre l'Etat allemand et les autres Etats européens, les Allemands considérant le traité de Versailles comme un diktat. Il décide alors de peindre cette oeuvre pour que les Allemands n'oublient pas ce qu'il s'est passé, l'horreur de la guerre, craignant que ces rivalités n'en aboutissent à une nouvelle.*

5°) Description

La scène présente trois hommes allemands jouant au skat dans un bistrot allemand, à Dresde.
Au premier plan, on voit trois hommes défigurés jouant aux cartes : ce sont des gueules cassées, d'ancien soldat de la P.G.m qui ont été blessé.
L'homme à gauche à son visage brûlé et parsemé de cicatrices. Il a perdu son oeil droit. . Il a également perdu l'audition : une tuyau relié à un amplificateur de son lui sert à entendre la conversation.Il a perdu son bras droit et sa main gauche (elle est remplacée par une prothèse en bois). Il lui manque la moitié de sa jambe gauche.
L'homme au centre a été scalpé : il lui manque de la peau sur la tête. Sa face gauche du visage est mutilée. Il a perdu son oreille gauche : elle a été remplacée par un petit objet en métal. Il a également perdu son eil gauche : il a un oeil en verre. Il lui manque la partie inférieure de sa mâchoire : elle a été remplacée par une machoire en métal. Son cou est abîmé : des barres de fer le soutiennent. Il a perdu ses deux bras et la moitié de ses deux jambes. Sur son crâne, on remarque également un homme dansant avec une femme. Le fait que ces danseurs soient représentés au niveau du crâne peut faire penser que l'homme en question rêve de devenir comme avant, de pouvoir à nouveau danser avec les femmes...
L'homme à droite a perdu son nez : il porte un cache nez. Il lui manque la partie inférieur de sa machoire : elle a été remplacée par une machoire en métal. Il a perdu son bras droit : il a un bras en bois à la place. De l'autre bras il a perdu la main : une prothèse la remplace. Il n'a plus de jambe. Il porte également la croix de fer : c'est une médaille allemande, une décoration militaire remise aux soldats ayant participé à la Première Guerre mondiale.
A l'arrière plan, on voit un rideau, un porte-manteau, 3 journaux et un lampadaire. Si on observe attentivement le tableau, on remarque qu'une tête de mort se trouve dans le lampadaire. Ce crâne pourrait symboliser le fait que les personnages ne sont plus éclairés par la lumière mais par la mort. Comme la lumière est un symbole de bonheur, de gaieté et que la mort a pris sa place, on peut comprendre que ces personnages ne retrouverons plus jamais le bonheur et que leur seule perspective est désormais de mourir.

6°) Jeu d’éclairage

Les parties éclairées du tableau sont les 3 personnages jouant aux cartes et le bas du tableau. Ainsi Otto Dix cherche :
- d'une part à à faire ressortir les personnages du tableau pour impressioner le spectateur : il veut dénoncer l'horreur de la guerre et faire comprendre qu'il ne faut pas reproduire ces massacres ;
- d'autre part à attirer notre regard sur le sol pour qu'on voit les pieds des chaises se confondre avec les prothèses des personnages.

7°) Une scène chaotique

Plusieurs éléments rendent la scène chaotique :
 d'une part les personnages. En effet, suite à leurs blessures et à leur `rafistolage`, ils sont complètement désordonnés : un personnage à un pied qui fait office de main, un deuxième à un bras dans le dos...
 d'autre part le désordre de la partie de carte. En effet ici nous n'avons pas une représentation traditionnelle d'une partie de carte avec par exemple une pioche, une défausse et un paquet de cartes dans le main de chaque joueur. La partie est complètement désordonnée : les cartes sont éparpillées sur la table, un joueur tient son paquet avec les orteils de son pied, un autre se sert de sa machoire pour picoher les cartes...

On remarque également que les lignes du tableau sont confuses ; il n'y a pas de point de fuite ou de fuyantes, ce qui rend la composition du tableau chaotique.

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