La passe à poissons du Bazacle

dimanche 26 mai 2019

I/ L’utilité de la passe poissons

[*Définition générale :*] Une passe à poissons est un dispositif permettant aux poissons de franchir un obstacle créé par l'Homme sur un cours d'eau, tel qu'un barrage ou un seuil. Elles ont souvent été d'abord construites pour les poissons migrateurs amphihalins (MAH), mais de nombreuses autres espèces peuvent en profiter aussi. Il s'agit généralement d'une échelle à poissons, mais bien d'autres formes de modèle existent (ascenseur, « tapis à civelles » pour la jeune anguille, …). L’échelle à poissons est la forme la plus commune de passe à poissons. Elle se présente schématiquement sous la forme d'une sorte d'escalier constitué d'une succession de petits bassins où le poisson trouve une zone de repos relatif après chaque passage ayant nécessité un effort.

Certaines espèces de poissons ont d'impérieux besoins de migrer (montaison et dévalaison) dans le cadre de leur cycle de développement et/ou de reproduction. C'est notamment le cas des salmonidés, mais aussi d'autres espèces : anguilles, lamproies, aloses... ou encore les truites, qui cherchent les têtes de bassin pour se reproduire. Sans aménagements spécifiques, de nombreux ouvrages humains sur les cours d'eau rendent ces migrations impossibles, mettant en danger la survie des espèces concernées.

Mais l'installation d’échelles à poissons est parfois considérée comme un pis-aller quant à la conservation des espèces, voire inutile sans la compréhension et la collaboration des utilisateurs ou exploitants du barrage (souvent producteurs d'hydro-électricité), ces passes nécessitant notamment d’être périodiquement nettoyées, et peut-être de ne pas être éclairées de nuit (protection de l'environnement nocturne contre la pollution lumineuse qui pourrait affecter certaines espèces).

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[*La passe poisson du Bazacle :*]
5 partenaires majeurs s'associent à EDF pour mettre en œuvre la scénographie liée à la biodiversité : l'Agence de l'eau Adour-Garonne, le Syndicat Mixte d'Etudes et d'Aménagement de la Garonne (SMEAG), Migrateurs Garonne Dordogne (MIGADO) et Nature Midi-Pyrénées.
Deux passes à poissons sont installées au niveau de l’usine EDF du Bazacle :
La passe à ralentisseurs : la plus ancienne date de 1961 et a été rénovée en 1989, opération à l’occasion de laquelle la partie amont a été terminée par 3 bassins à orifice noyé. C’est une passe mixte d’une longueur de 56 m, composée de 3 volées à ralentisseurs de fond sur actifs (changement en 1996 du bois, dégradé, par du métal) entrecoupées de 2 bassins de repos.
La passe à bassins successifs et fentes verticales : elle a été mise en service en 1989. D’une longueur de 67 m, elle est constituée de 16 bassins (une partie est souterraine).

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La chambre de visualisation et la prise d’eau sont communes aux deux dispositifs. Le suivi des migrations de montaison se fait grâce à un système de vidéo-contrôle installé sur le site au niveau des 2 vitres de visualisation mises en place dans les bassins amonts des 2 dispositifs.






II/ Les espèces de poissons protégées au Bazacle

Le Bazacle voit passer les espèces migratrices suivantes : saumon atlantique, grande alose, anguille européenne, lamproie marine et truite de mer.

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[*Saumon atlantique : Salmo salar*]
Informations générales

Tailles 50cm à 1,10m
Poids 2,5 à 15kg
Période de remontée Mars à juillet
Période de dévalaison Mars à mai
Etat des populations Moyen
Tendance Stable

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[*Biologie de l’espèce*]
Le saumon atlantique est un poisson migrateur amphihalin, dont la vie alterne entre l’eau douce et l’eau salée. Le saumon atlantique – espèce emblématique de nos rivières – se reproduit en eau douce, dans le cours d’eau où il est né (Homing). C’est un grand migrateur océanique (Atlantique Nord jusqu’au Groenland) et continental (il remonte jusque dans les têtes de bassins). Les adultes cessent de s’alimenter dès qu’ils rentrent en rivière. Les femelles ont une fécondité faible (1 800 œufs/kg ; une femelle pèse de 3 à plus de 10 kg). La quasi-totalité des adultes meurt après la reproduction.

Les retours d’adultes comptabilisés lors de la dernière décennie constituent des perspectives intéressantes pour l’avenir de l’espèce (près de 15 000 saumons comptabilisés aux stations de contrôle entre 1993 et 2017 sur la Garonne et la Dordogne). La population du bassin est constituée principalement d’individus de Plusieurs Hivers de Mer (PHM), c’est à dire qu’ils ont séjourné au moins 2 ans dans l’Océan Atlantique avant de revenir sur le bassin pour se reproduire.
L’effort de repeuplement réalisé sur le bassin Garonne-Dordogne par MIGADO représente en moyenne plus d’un million de juvéniles par an. Les populations sont toutefois fragiles et en cours de restauration. L’objectif final est de parvenir à une population sauvage autosuffisante. Les conditions environnementales, en particulier l’hydrologie, ainsi que les captures accidentelles liées à la pêche d’autres poissons migrateurs (alose feinte, lamproies) peuvent influer de façon notable sur les remontées d’adultes. Cette espèce est vulnérable sur le plan national et bénéficie également de mesures de protection au niveau européen. La pêche est interdite sur le bassin Garonne-Dordogne depuis 1978.

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[*Anguille européenne : Anguilla anguilla*]
Informations générales

Tailles 30cm à 1,50m
Poids 300g à 2kg
Période de remontée Mars à juillet
Période de dévalaison Octobre à février
Etat des populations Mauvais
Tendance Stable

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[*Biologie de l’espèce*]
L’anguille européenne est un poisson migrateur amphihalin, dont la vie alterne entre l’eau douce et l’eau salée. L’anguille, contrairement aux autres migrateurs, se reproduit en mer, dans l’Atlantique Ouest, en mer des Sargasses. Après leur migration océanique et au gré des courants marins, les larves se répartissent dans tous les cours d’eau européens pour leur croissance.
La phase de vie continentale peut être très longue (12 à 15 ans pour les femelles et 6 à 8 ans pour les mâles). Les femelles ont une fécondité très importante (700 000 à 2 600 000 œufs/femelle). Il semblerait que les adultes meurent après la reproduction.
La vie en rivière étant longue, différents facteurs sont susceptibles d’avoir un effet sur le cycle de l’espèce (dévalaison et reproduction) comme la bio-accumulation de contaminants ou la présence d’un parasite (Anguillicola crassus), venu d’Asie depuis une vingtaine d’années.
L’anguille présente l’enjeu socio-économique le plus important sur le bassin en particulier au stade civelle (ou pibale). La population est en chute sur le bassin depuis le début des années 1980. L’anguille européenne est une espèce présente depuis longtemps sur l’ensemble de l’hexagone. C’est une espèce ubiquiste : elle colonise tous les types de milieux (marais, rivière, lac…). L’édification de barrages (en particulier hydroélectriques) ou le manque de gestion coordonnée et adaptée de vannes, d’ouvrages associés à des moulins, ou de protection à la mer a réduit les zones accessibles à l’espèce et a entraîné d’importantes mortalités à la dévalaison.

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[*Truite de mer : Salmo trutta trutta*]

Informations générales

Tailles 50cm à 1m
Poids 2 à 12kg
Période de remontée Mars à juillet
Période de dévalaison Mars à mai
Etat des populations Mauvais
Tendance Stable

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[*Biologie de l’espèce*]
Une truite de mer femelle pond environ 2000 ovules/kg. C’est entre 1 à 2 ans que les juvéniles vont mettre en place des mécanismes d’adaptation à l’eau de mer qui vont les distinguer des autres formes de truites. Chez la truite, le processus de smoltification est réversible. L’instinct de retour à la rivière natale est moins prononcé chez la truite que le saumon.
Les truites de mer effectuent des migrations côtières sur le plateau continental et remontent en rivière entre mai et janvier pour se reproduire pour la première fois après un séjour dans l’Océan appelé « Finnock » qui peut durer de 3 mois à 3 ans.
En mer, la truite se nourrit de poissons et de crustacés et pourrait, selon les cas, continuer à s’alimenter pendant la montaison.
La truite se distingue du saumon par : une bouche plus grande, un pédoncule caudal plus large, une échancrure de la nageoire caudale plus faible, des écailles plus petites.
Compte tenu de ses caractéristiques et exigences biologiques, la truite de mer bénéficie des aménagements réalisés pour la libre circulation du saumon atlantique sur notre bassin. Il n’y pas d’action spécifique menée pour cette espèce.

SOURCES :
  Wikipédia
  Site Migado
  Blog :http://il-me-souvient.over-blog.com/article-visite-a-l-espace-edf-du-bazacle-67138182.html

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