Sujet d’imagination en 3eme

lundi 29 mai 2017 , par Painchault

Sujet : Un son, une odeur, une sensation vous rappelle un moment heureux de votre enfance. Racontez comment ce souvenir a ressurgi en insistant sur ce qui vous a plu.

Voici un exemple de rédaction par une élève

Les jeudis midi sont bien tristes et mornes. Seule dans ma cuisine, déjeunant dans un silence religieux, il m’arrive parfois de ne plus résister et d’allumer la radio afin que la voix chaude du présentateur et les chansons entraînantes me tiennent compagnie.
Or, aujourd’hui, sur Nostalgie –oui, il m’arrive d’écouter cette station dédiée à un public plus âgé- c’est l’album du groupe ABBA qui est à l’honneur et passe sans interruption. Ces chanteurs d’antan retrouvent pour un instant la gloire dont ils étaient auréolés.
Quelle ironie ! Moi, si esseulée, retombe soudainement dans mes souvenirs d’enfance, ces trajets familiaux, serrés dans notre voiture où, pour le coup j’étais bien accompagnée…
Je devais avoir six ou sept ans. On m’obligeait alors à m’installer sur le siège du milieu, arguant de ma minceur et ma petite taille. Les grandes soeurs sont les plus sournoises. Nous allions à Strasbourg voir de la famille. C’était, je dois dire, une habitude pour notre petit quintette. Je m’autorise à utiliser ce mot car nous sommes une famille de musiciens. Mes sœurs et moi avons été nourries à la musique, elle est notre façon d’être. C’est pourquoi, nous écoutions un CD, une chanson du groupe ABBA, « Knowing me, knowing you ». Cela chantait à tue-tête dans notre véhicule, sauf la petite du milieu, trop timide et perplexe devant ce langage inconnu.
Dans ma cuisine, le refrain commence : « Knowing me, knowing you, ahaa !... »
« …there’s nothing I can do ! ». Dans la voiture, la fillette ne comprend pas. Il lui semble qu’on l’appelle… Mais, non. Est-ce vraiment son nom qui est chanté ? Noémie, Noemyou. Elle n’ose rien dire, de peur de paraître ridicule et de se voir submergée par un flot de rires, certes bienveillants, mais se moquant de la naïveté de l’enfant.
Ça y est, j’entonne le couplet. Une joie intense m’envahit, tout mon être est rempli d’ondes de bonheur. Ce souvenir heureux me redonne l’entrain dont j’avais besoin, l’entrain de la voiture.
La fillette est perplexe mais elle se sait en sécurité, là, entourée de sa famille dans cette atmosphère chaleureuse. Elle peut se laisser aller, bercée par les vocalises osées de ses deux sœurs aînées, calmée par la conduite sereine de son père et par le sourire amusé de sa mère. Oui, elle est bien et s’endort paisiblement en rêvant qu’on l’appelle.
La chanson se termine, me revoilà chez moi, des souvenirs plein la tête. Je ne suis plus seule, je sens désormais la présence de ces moments joyeux, gravés dans ma mémoire, qui ont le pouvoir merveilleux de me rendre heureuse, de me rendre moi.
N.D.

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